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Jeu/Parcours d'orientation  [4]

« Si la réalité est opaque, il existe

des zones privilégiées -des indices-

qui permettent de la déchiffrer »

[ Carlo Ginzburg, 1980, Signes, traces, pistes ]

LE PARADIGME INDICIAIRE

 

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Outil et méthode : de la perception, 

de l’interprétation et de l’orientation

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Comment décrire précisément une chose que nous ne voyons pas ?

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Le paradigme indiciaire [ou indiciel] est une façon de percevoir les choses,

une manière d’interpréter et de se représenter le monde, de découvrir le sens

caché des événements qui se sont déroulés ou de ce qui se manifeste au présent.

 

Il implique l’art de percevoir la réalité [d’être ouvert, attentif et concentré] et l’art d’interpréter avec clarté et justesse [l’herméneutique]. Il est ici question de déployer deux savoir-faire complémentaires, l’un qui relève du sensible et du sensoriel, l’autre du raisonné et de la déduction logique, autrement dit la perception et l’interprétation.

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La réalité est entendue comment un vaste champ perceptible et interprétable, d’une façon ou d’une autre, incluant les événements, phénomènes et faits, les choses physiques, concrètes, palpables et tangibles, les énergies, les résonances et vibrations émotionnelles, ce qui se présente, ce qui s’est déjà produit, voire ce qui tend à se produire.

Dès lors, percevoir et interpréter la réalité, c’est saisir et sentir le présent, par tous les sens, physiques et subtils, c’est revoir et ressentir le passé [visualiser, prendre conscience, reconstituer la réalité selon les signes et indices laissés à l’appréciation des sens et du jugement], et ce peut être prévoir par l’intuition [imaginer les possibles, envisager la voie à suivre…].

Si la réalité est une, diverses perceptions et interprétations la rende multiple. En effet, les perceptions et interprétations demeurent toutes spécifiques, dépendantes des sens, déterminées par la nature et l’esprit de chaque individu, par l’angle de vue, la position socio-historique, le contexte culturel, le vécu passé, les besoins et désirs du moment, etc.

Autrement dit, la réalité se compose de la somme des différentes perspectives et visions que nous avons sur elle et qui la constituent [˃perspectivisme]. C’est en associant et en intégrant les diverses perceptions, relatives car subjectives, individuelles et culturelles, que nous pouvons parvenir à se représenter de façon plus globale LA réalité [˃aperspectivisme]. Cette dernière, comme LA vérité, conceptualisée de façon objective et complète, se compose des visions subjectives, singulières et complémentaires. Cela ne signifie pas que la vérité est relative à chacun, mais plutôt que le point de vue est la condition de la manifestation du vrai.

De l’assemblage des connaissances provenant des divers points de vue et modes d’interprétation, la complexité se révèle, le mystère se dévoile, le Grand Tout se définit, l’invisible devient visible, l’imperceptible perceptible, la vérité vraie ! La somme de toutes les perspectives semble pouvoir conduire à un point de vue métaphysique absolu, à une représentation globale de la réalité, à une vérité universelle…

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« Je donne à mon âme [unique, indivisible, éternelle]

tantôt un visage, tantôt un autre, selon le costé

où je la couche. Si je parle diversement de moy,

c’est que je me regarde diversement. »

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[Montaigne, Les Essais, Livre I, 1580]

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But du paradigme indiciaire : capter et déchiffrer le sens d’un message, discerner une chose a priori imperceptible et insignifiante. Suivre cette méthode scientifique engage un processus de création de sens, de révélation d’un sens, de reconstruction d’une réalité, de dévoilement d’un mystère. Il est un dispositif d’aiguillage et une boussole d’orientation.

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Historiquement, apparu à la fin du 19ème siècle, ce paradigme de l’indice serait à la confluence :

- d’une méthode mise au point en matière d’histoire de l’art par Giovanni Morelli pour authentifier les auteurs des tableaux de maîtres à partir des détails les plus négligeables ;

- de la méthode analytique du professeur de médecine Joseph Bell, qui relève d’une observation précise et d’une étude minutieuse des comportements humains ;

- de la littérature avec les romans d’Arthur Conan Doyle qui expose la méthode de l’enquête policière de Sherlock Holmes relevant les indices a priori imperceptibles et les traces a priori insignifiantes ;

- et enfin de l’approche freudienne d’analyse des manifestations de l’inconscient reposant sur l’étude des symptômes, des associations libres, des lapsus et des rêves.

 

Pré-historiquement… Les racines du paradigme indiciaire s’avèrent bien plus lointaines, voire datant de l’origine de l’espèce humaine. Il prendrait ses origines dans le savoir cynégétique [qui relève de la chasse], un savoir accumulé pendant des siècles par les premiers chasseurs-cueilleurs.

Au temps du Paléolithique, souvent nomades et vivant au gré des saisons, les humains étaient habitués à reconstruire une forme ou une réalité à partir de multiples indices minuscules et de traces muettes. Par exemple, lors du déplacement d’une proie invisible, les chasseurs la poursuivaient en fonction des traces et indices laissés derrière elle : empreintes, touffes de poils, odeurs... 

La méthode des indices visait alors la survie. 

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