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Ethique : philosophie première

MODE DE PENSEE, PRINCIPES, VALEURS ET VERTUS

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L’éthique :

entre déterminisme et liberté

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« Lhomme juste et libre est celui qui connaît la vraie raison des lois »

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[ Baruch Spinoza, Philosophe, 1670, Tractatus theologico-politicus ]

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L’ÉTHIQUE est la pensée tournée vers l’action. Elle repose sur l’idée que chaque individu

possède un pouvoir de détermination sur lui-même, dans la mesure où il peut prendre conscience

de ce qui le détermine, des influences qui orientent ses affects, émotions et passions, des influences

qui guident ses choix, pensées et actions. Selon Baruch Spinoza, la conscience des effets de causalité,

c’est-à-dire la compréhension et l’acceptation du déterminisme en toute chose, permet l’accès à la liberté.

Par exemple, l’état d’inquiétude naît de l’ignorance sur une situation. Autrement dit, l’absence de quiétude

naît de l’absence de conscience et de connaissance. Dans le tourment de l’inquiétude, l’individu ne peut

être libre. Aussi, la peur de la mort est la manifestation du refus de la mort ; elle est la non-acceptation de

l’idée de la mort. Pourtant, la mort –donnée rationnelle du monde physique– fait partie du cycle de la vie.

A contrario, sachant et acceptant cet ordre des choses, l’individu tend à se sentir libre. En ce sens,

la passion asservit, tandis que la conscience, ou la raison, libère des croyances et des passions.

Composer avec les mécanismes de détermination, en pleine conscience, cela conduit à la joie,

à une manière de se mouvoir librement dans le monde. Ainsi, la raison est libératrice des peurs.

Elle mène à l’autodétermination des capacités de perception, de penser et d’agir, en ajustement

continu avec le réel, avec les lois fondamentales et les influences du monde vivant et matériel.

 

Aussi, à contrecourant des idées reçues, Jiddu Krishnamurti nous dit : « On pense que là où il y a choix,

il y a liberté. […]. Si vous êtes très lucide, que votre perception est pure, il n’y a pas de choix. C’est de là

que dérive l’action juste. Ce n’est que dans le doute et l’incertitude que nous commençons à choisir.

Donc, le choix empêche la liberté. » [Krishnamurti, 1984, Questions et réponses]. Dans ce sens,

être dans la position de choisir, c’est être tiraillé entre plusieurs options, c’est demeurer dans

la division et la tourmente de l’indécision. Et « Là où il y a division, il y a forcément conflit »

[Krishnamurti, 2011, Face à soi-même]. A contrario, dès lors que nous sommes pleinement

présents et intensément attentifs, c’est-à-dire ouverts, conscients, éveillés et clairvoyant,

alors ce qui survient en nous et se déroule devant nous devient simplement évident,

alors il n’y a plus de choix possible ; à cet instant précis nous nous sentons libres.

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L’éthique :

principes de vie

et valeurs universelles

​

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles

avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. »

​

[ Hans Jonas, Philosophe et historien, 1979, Le principe responsabilité ]

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L’ÉTHIQUE n’est rien d’autre que la recherche d’une vie authentiquement

humaine sur terre, ce qui implique de se comporter en respect de l’ETHOS :

lieux de vie, habitus, mœurs, caractères, états d’âme, dispositions psychiques.

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Éthique et morale : distinctions et définitions complémentaires

​

1- La morale consiste en un ensemble de règles « relatives » fictivement érigées

en Bien et Mal absolus, alors que l’éthique est précisément la morale débarrassée de

ses croyances superstitieuses [absolutisant le relatif] et de ses condamnations moralisatrices

utilisées comme une arme contre les Autres [Constantin Brunner, héritier spirituel de B. Spinoza].​

​

2- La morale est l’ensemble des normes propres à un individu, à un groupe social ou à un peuple,

à un moment précis de son histoire, alors que l’éthique est la recherche du bien par un raisonnement

conscient ; en ce sens, elle est un raisonnement critique et théorique portant sur la moralité des actions.

​

3- Certains philosophes contemporains [G. Deleuze, P. Ricœur, A. Comte-Sponville, R. Misrahi...] définissent

la morale comme un ensemble de devoirs [impératifs catégoriques qui commandent de faire le Bien posé

comme valeur absolue], tandis que l’éthique consiste en la satisfaction raisonnable des besoins [tendance

naturelle à chercher le Bon comme valeur relative, ce qui inclut aussi la recherche du bonheur pour tous].

​

4- Alors que les « règles » se rapportent à la morale, les « principes » se rapportent de l’éthique. Le mot

« principe » désigne une orientation fondamentale, inspiratrice d’action, tandis que le mot « règle »

évoque une application plus concrète, plus proche de l’action. Le principe est souvent indéterminé,

et conduit à divers engagements, alors que la règle a un contenu précis. Les grands principes sont

relativement peu nombreux et stables, alors que les règles peuvent être nombreuses et variables.

​

De la nécessaire conciliation entre une Éthique de l’être et une Éthique de l’altérité :

pour favoriser les relations de coopération, les équilibres écosystémiques et sociaux

​

L’éthique de l’être [de l’existence, de l’identité (Réf: Michel Foucault)] vise la connaissance

et l’accomplissement de soi. Elle consiste en l’élaboration de sa propre vie comme d’une

œuvre d’art personnelle. Quant à l’éthique de l’altérité [de la relation à l’Autre, de la responsabilité

d’autrui (Réf: Emmanuel Levinas)], sa visée est davantage de chercher à reconnaître l’Autre

qu’à le connaître. Avec l’autre, l’individu coopère. Au travers, il apprend et s’élève.

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« Pour la première fois dans l’histoire de l’espèce humaine, les hommes

sont confrontés en pratique à la tâche d’assumer à l’échelle planétaire

la responsabilité collective des conséquences de leurs activités. »

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[ Karl-Otto Apel, Philosophe, 1987, L’éthique à l’âge de la science ]

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A l’heure de la mondialisation des échanges, matériels et immatériels, considérant les liens

d’interdépendance entre toutes choses et entre toutes formes de vie, une éthique humaine

qui respecte les environnements naturels et les différences culturelles est des plus souhaitable.

​

Une éthique de vie, bienveillante et bienfaitrice, visant la satisfaction des besoins humains essentiels,

peut être intégrée au sein de chaque système éducatif et au sein de chaque organisation sociale.

​

Pour ce faire, il s’agit daccompagner, daider et de soutenir en continu lapprentissage des enfants,

de toutes et tous, et tout au long de la vie. Ainsi se déploient les potentiels, les qualités et vertus.

Ainsi l’être tend à sémanciper et à sépanouir, par lui-même et en relation avec autrui.

​

Le meilleur moyen pour apprendre, c’est le jeu, autrement dit le vécu sensoriel, physique

et psychique, l’expérience instinctive et intuitive du va-et-vient entre soi et l’autre, dans

l’intensité de l’instant présent. De même, c’est par le jeu que se concilient l’éthique

de l’être et l’éthique de l’altérité, la sensibilité et la raison, le désir et la prudence, etc.

[Référence : Friedrich von Schiller, Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme, 1795].

​

Quelles sont les valeurs universelles, communes à toute l’humanité ?

​

L’éthique est une réflexion sur les valeurs qui orientent et motivent les actions humaines,

qui indiquent des idéaux à poursuivre [autonomie, vie et santé, justice et équité...], qui fixent

des attitudes et qui encadrent les prises de décision [autodétermination, respect de la vie

et des engagements, consentement libre et éclairé...]. L’éthique porte sur les conceptions

du bien, du juste et de la réalisation de soi. Ainsi, le valeureux est digne d’estime.

Les valeurs donnent aux individus les facultés de juger de leurs actions et de se

construire une éthique personnelle. Elles peuvent être d’ordre éthique et moral,

idéologique et spirituel, écologique et esthétique... Premièrement, le mot

« valeur » s’inscrit dans une dimension idéologique et philosophique

avant d’avoir une retombée éthique ou une application morale.

​

Voici ci-après une liste de VALEURS UNIVERSELLES

[cette liste intègre les « 10 valeurs de base » définies

par le psychologue social Shalom Schwartz] :

​

​

Affirmation de soi

- VOLONTÉ : intention et ambition, force d’âme et

  d’initiative [courage], auto-détermination et liberté...

- POUVOIR : leadership, statut social élevé, richesse,

  autorité et force d’influence, aspiration à la maîtrise

  de soi et des relations, des matières et ressources...

- RÉUSSITE : créativité et accomplissement au regard

  des normes culturellesamour-propre et estime...

​

Valeurs associées aux besoins d’approbation

et de reconnaissance sociale, à la poursuite

d’intérêts et d’ambitions d’ordre individuel.

Continuité d’engagement

- SÉCURITÉ : sûreté et ordre, stabilité et harmonie,

  en soi, au sein des relations à autrui, à la société...

- TRADITION : acceptation et respect des lois de la

  nature, des idées et croyances, des us et coutumes,

  des conventions familiales, culturelles et sociales...

- CONFORMITÉ : modération et humilité, loyauté et

  responsabilité, autodiscipline et subordination...

​

Valeurs associées au besoin d’appartenance sociale,

à la nécessité de modération et d’autolimitation afin

de préserver l’ordre naturel/social et la coopération.

Ouverture au changement

- AUTONOMIE : indépendance de la pensée, du

  choix et de l’action, liberté, curiosité et créativité...

- HÉDONISME : plaisir et satisfaction, évitement des

  souffrances, recherche d’expériences gratifiantes,

  d’émotions agréables et de sensations excitantes...

- STIMULATION : joie, enthousiasme et optimisme,

  nouveautés et défis à relever, vie passionnante...

​

Valeurs associées aux besoins de maîtrise et de

contrôle, de plaisir des sens et de jouissance

émotionnelle, de variété et d’actualisation.

Dépassement de soi

- BIENVEILLANCE : préservation et amélioration du

  bien-être, altruisme, entraide, solidarité, tolérance...

- UNIVERSALISME : ouverture du cœur et de l’esprit,

compréhension et estime, équité et justice sociale,

protection des humains et de la nature, sagesse...

- SPIRITUALITÉ : cohérence et harmonie intérieure,

  transcendance de la réalité concrète et ordinaire.

​

Valeurs associées au dépassement des intérêts de

l’égo, à la recherche dharmonie, à la [sur]vie en

conscience des ressources naturelles limitées.

Cette représentation des valeurs en quatre quadrants renvoie au modèle intégral de développement humain théorisé par le philosophe Ken Wilber [A brief history of everything, 1996, Shambhala Publications].

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De l’éthique des vertus

à l’accomplissement de soi

​

Du latin virtus, la vertu désigne la force morale, la force d’âme, la valeur, la vaillance, le courage.

La vertu est la capacité, la disposition spirituelle, ferme et constante, qui conduit un être humain

à agir en adéquation avec un idéal et à faire le bien, et cela en dépit des obstacles rencontrés.

Les vertus sont des « habitus de la volonté », des savoir-être, des savoir-vivre et savoir-faire,

acquis par répétition des actes et habilitant lhumain à agir bien [habitus = manière dêtre].

Les vertus permettent la réalisation de soi, de tendre vers une vie bonne et heureuse.

​

CLASSIFICATION DES VERTUS HUMAINES

​

​1- LES VERTUS MORALES impliquent la volonté et ont

pour objet les actes de la vie pratique [courage, tempérance, justice...]

​

2- LES VERTUS INTELLECTUELLES impliquent la raison et ont pour objet

le savoir et la contemplation [intelligence, science, sagesse, art, prudence...]

​

3- LES VERTUS THÉOLOGALES adaptent les facultés de l’être humain

à la participation de la nature divine [foi, espérance, charité...]

​

LES QUATRE VERTUS CARDINALES

Ces vertus fondamentales siègent au cœur

de la sensibilité et guident l’existence humaine

​

- La FORCE D’ÂME règle la sensibilité combative.
Elle habilite à surmonter la peur et à braver les dangers
.

​

- La TEMPÉRANCE règle la sensibilité jouissive. Elle habilite
à user de mesure dans la jouissance des biens délectables.

​

- La JUSTICE règle la sensibilité rationnelle. Elle habilite
à partager avec équité, à donner ou à rendre à chacun son dû.

​

- La PRUDENCE règle la sensibilité téméraire. Alliant force d’esprit

et clairvoyance, elle indique la conduite raisonnable à suivre.

​

La vertu grandissante, l’être se libère face à ses passions,

se conduit avec SAGESSE et éprouve un bonheur croissant.

Dans ce sens, le sage est un héros qui s’est vaincu lui-même

et a accompli les facultés ou dispositions de la nature humaine.

Il a traversé et surmonté les épreuves de sa propre existence : 

doutes, désespoirs, luttes, erreurs, pièges du corps et de l’âme.

Il ​manifeste sa pensée par ses paroles et surtout par ses actes.

​

LISTE DES VERTUS HUMAINES 

= Dispositions et conduites de l’esprit

acquises par la volonté et par la pratique :

​

l’art d’être présent, avec instinct et intuition,

l’art d’explorer la réalité et de discerner la vérité,
de contempler la nature et d’y découvrir la beauté,

l’ouverture de la perception sensible et l’éveil des sens,
l’attention et l’observation, l’écoute vive, active et intégrative,

la studiosité [curiosité positive aidant à lintelligibilité du monde],

l’art de méditer en pleine conscience, l’art d’imaginer et d’inventer,

l’altruisme, l’empathie et la compassion, la politesse et la gratitude,
la dignité et le respect inconditionnel des lois de la nature et du vivant,
l’humilité et la
tolérance, la responsabilité éthique, écologique et sociale,
la
bienveillance et la bienfaisance, le dévouement, l’entraide et la solidarité,
l’amour et l’estime, la bonté et la
générosité, le don et le partage, la franchise,
la sincérité [ou intégrité], l’honnêteté [ou probité], la
justice et l’équité, l’esprit
libre, voyageur et joueur, la pensée nomade, flexible et évolutive, la confiance
et l’espérance, la
force d’âme [ou courage], l’audace et la vaillance,
la volonté et la capacité de s’engager, d’agir et d’expérimenter,
la
tempérance [ou modération], la sobriété et la prudence,
la sagacité [ou perspicacité], la clairvoyance et l’habileté,
la concentration et la persévérance, la maîtrise de soi,
la canalisation et l’apaisement des émotions,
l’autodiscipline et le contrôle de la force,
le bon sens, la sérénité et la
sagesse
[faite d’intelligence et de science],
la pureté et la sainteté de l’esprit
[marque d’élévation spirituelle
et de conduite exemplaire]...

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​

> Éthique de la perception                       > Éthique de la coopération 

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