
Ethique de la coopération
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˃ La coopération est la condition essentielle à l’écologie
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L’écologie relationnelle intègre pleinement la coopération.
Néanmoins, elle implique également de la compétition.
En effet, s’il y a profusion et invasion de souris sur un
territoire, alors le renard régule la population de souris.
Dans ce cas, la compétition entre le renard et la souris
tend à établir un écosystème équilibré et pérenne.
Coopération et compétition font partie des lois de la vie.

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La coopération naturelle
Quels liens d’association et de coopération
s’opèrent au sein des environnements naturels ?
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Quand vient à l’esprit l’appel de la nature, ou du vert, ou le retour à la terre,
alors le temps est assurément venu de s’intéresser de plus près aux vers de terre !
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À base, les VERS DE TERRE fabriquent la terre, et plus précisément ils créent l’humus :
un complexe argilo-humique qui concentre les éléments nutritifs dont les plantes ont besoin.
Ils n’ont ni yeux, ni dents, ni poumons. Toutefois, ils disposent de quatre cœurs et de trois paires
de reins. Hermaphrodites protandres, ce qui signifie qu’ils sont successivement mâles puis femelles,
ils ont pourtant besoin de coopérer et de s’accoupler pour se reproduire. Appelés tantôt « architectes
des sols fertiles », tantôt « recycleurs de la nature », ou encore « intestins de la terre », ces vers ingèrent
chaque jour une quantité de nourriture équivalent à 90% de leur poids et excrètent entre 50 et 60% de celle-ci.
Ils se nourrissent de matières organiques [bactéries, feuilles mortes, champignons...]. Ils creusent profondément
la terre, créent des galeries et aèrent les sols. Progressivement, ces galeries sont pénétrées et colonisées par les
racines des plantes. Ainsi, ces dernières accèdent aux ressources indispensables à leur croissance. Associés à une
multitude de bactéries et de micro-organismes, les vers de terre rajeunissent et hygiénisent les sols. Ils structurent
et ils ameublissent les sols. Ils améliorent la cohésion et la stabilité des agrégats, l’infiltration et le drainage de l’eau,
son absorption et son stockage. Par la suite, la terre fertile recevra la semence, apportée par les vents ou par la main
du jardinier. La SEMENCE est la graine de vie. Elle est à la source de toute récolte. En fonction de ses spécificités et
de ses capacités, elle pourra s’adapter aux conditions climatiques et aux caractéristiques de l’écosystème d’accueil.
Cependant, certaines plantes ne poussent bien qu’en terrain acide, ou dans des sols calcaires, argileux, ou sableux...
Certaines préfèrent les zones humides, d’autres les milieux secs, ensoleillés ou ombragés, les sols chauds ou frais...
La semence peut être vu comme une idée élémentaire à faire germer, comme une aspiration initiale. Elle tendra à
se déployer, naturellement et harmonieusement, si sont respectés les principes et cycles fondamentaux du vivant.
Les APPORTS nécessaires à l’émergence puis à la croissance de la plante sont le soleil, l’eau, les oligoéléments...
La plante, comme toute idée, prendra forme au gré des ressources présentes et des associations contributives.
Un des ingrédients essentiels est le soin apporté pour aggrader le milieu. Un proverbe chinois dit que « L’ombre
du jardinier est le meilleur des engrais ». Le permaculteur observe minutieusement et continuellement la nature
environnante. Il s’inspire des particularités du milieu et des principes du vivant, afin de concevoir des systèmes
écologiques diversifiés, fertiles et abondants, équilibrés et résilients, et nécessitant peu d’intervention humaine.
Pour y parvenir, son éthique de la coopération peut se résumer de la sorte : 1) prendre soin des écosystèmes
naturels [des sols, des forêts, de l’eau…], 2) prendre soin de l’humain [de soi-même, des communautés et des
générations futures], 3) partager équitablement la valeur [limiter la consommation et redistribuer les surplus].
Une DYNAMIQUE DE COOPÉRATION se met ainsi à l’œuvre. Elle vitalise, régule et équilibre l’écosystème local,
puis elle rayonne et tend à se propager. Une alchimie, faite de liens de connexion entrelacés, d’associations
et d’interactions, imbriquées et unifiées, permet la germination, la croissance, la floraison et la fructification.
Cette dynamique associative, coopérative et synergique* s’inscrit dans le grand cycle écologique de la vie.
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* SYNERGIE [ 1 + 1 = 3 ] : Phénomène par lequel plusieurs facteurs agissent ensemble et créent
un effet globalement positif. Un effet synergique résulte d’une "coopération créative" entre plusieurs
éléments d’un écosystème ou d’un groupe social. Il se distingue de ce qui aurait pu se produire s’ils
avaient opéré isolément, que ce soit chacun de son côté ou tous réunis mais œuvrant indépendamment.
En d’autres termes, au sein d’un groupe, il y a synergie positive dès lors que « le résultat d’une action
commune est créateur ou autrement meilleur que la somme attendue des résultats individuels des parties ».
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Au cœur des sociétés humaines, permaculteurs et permacultrices participent activement à ce grand jeu
du vivant. Tous co-opérateurs et co-créateurs, dans leurs champs de pratiques et d’études, ils œuvrent
à régénérer et à revitaliser les milieux naturels, à adapter ou à transformer les organisations sociales.
Chacun et chacune, à son échelle, peut devenir plus à l’écoute de la nature et vivre en coopération.
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Rien dans la nature ne vit pour soi-même. La rivière ne boit pas son eau.
L’arbre ne mange pas ses fruits. Le soleil ne brille pas pour lui-même.
Une fragrance de fleur n’est pas distillée pour elle-même.
Nul ne vit, ni ne meurt, pour soi-même.
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Vivre les uns pour les autres
est la loi de la Nature.
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La communication humaine et l’éthique de la coopération
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Qu’est-ce que la coopération humaine ?
Activité qui consiste à œuvrer ensemble dans une visée commune. État d’esprit
et mode de comportement où les individus conduisent leurs relations de façon
non conflictuelle et non concurrentielle, c’est-à-dire en organisant des associations
et des partenariats, en favorisant la participation, l’entraide, la collaboration.
La coopération implique la COMMUNICATION [du latin communicare]
= Transmettre des connaissances et informations, mettre en relation,
rendre commun, échanger et partager, dialoguer, mais non débattre.
L’action de coopérer entraîne la SYNERGIE [1+1=3] = Phénomène par lequel plusieurs
facteurs agissent ensemble et créent un effet globalement positif. Un effet synergique
résulte d’une COOPÉRATION CRÉATIVE entre divers éléments d’un écosystème
ou d’un groupe social. Il se distingue de ce qui aurait pu se produire s’ils avaient
opéré isolément, que ce soit chacun de son côté ou tous réunis mais œuvrant
indépendamment. En d’autres mots, dans un groupe, une synergie se produit
lorsque « le résultat d’une action commune est créateur, ou autrement
meilleur que la somme attendue des résultats individuels des parties ».
Les coopérations et les synergies engendrent des EXTERNALITÉS POSITIVES, c’est-à-dire
une empreinte [écologique, sociale, économique…] globalement positive. Par exemple,
la relation associative et complémentaire entre un apiculteur et un arboriculteur génère
une double externalité positive. D’une part, l’apiculteur profite gratuitement de la proximité
de l’arboriculteur pour produire son miel. D’autre part, l’arboriculteur bénéficie également
gratuitement de la pollinisation de ses arbres, ce qui améliore son rendement sans avoir
recours à de coûteuses méthodes manuelles. Aussi, la pollinisation aléatoire des abeilles
enrichit la diversité génétique, permettant aux plantations de mieux résister aux affections
ou aux maladies. L’externalité est positive dans les deux sens, tant au niveau écologique
qu’au niveau économique. En d’autres termes, cette collaboration devient vertueuse
pour les deux parties : l’arboriculteur et l’apiculteur se rendent mutuellement
et gracieusement des services indirects. [James Meade, « External economies and
diseconomies in a competitive situation », The Economic Journal, vol. 62, no 245, 1952].
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Communiquer : une question d’impression, puis d’expression
« Parler est un besoin, écouter est un art », disait Johann Wolfgang von Goethe.
L’impression est première, l’expression est seconde. Sinon, comment respecter et prendre soin d’un être,
d’un objet ou d’un territoire, s’il n’a pas été perçu et intégré ? En effet, la perception est le premier vecteur
de l’apprentissage et de l’évolution, en témoigne le fait que le bébé écoute forcément avant de pouvoir parler.
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LA PERCEPTION ET L’IMPRESSION : En explorant le monde qui l’entoure, l’être perçoit et découvre par l’exercice
de tous ses sens, par le biais des cinq sens physiques, dont l’écoute et l’observation, et aussi via des sens plus
subtiles tels que l’intuition et la clairvoyance, l’orientation et l’équilibre... Puis, il interprète et intègre, il apprend
et comprend. Dès lors, il imprime le vécu sensible, tel que ressenti, et le savoir expérientiel, tel que raisonné,
dans sa mémoire. L’impression nécessite tout d’abord une ouverture des perceptions et une décontraction
du mental en l’instant présent, une attention et une concentration, ainsi qu’une capacité d’intégration.
L’EXPRESSION : L’être exprime ce qu’il ressent et ce qu’il pense. Il pousse de l’intérieur vers l’extérieur
des pressions [ex-pression], émotionnelles et idéologiques ; sinon il les contient et les refoule, et elles
tendront à s’accroître ou à se scléroser au fil du temps. Il formule ses besoins et ses désirs, ses opinions
et ses intentions. Il exprime sa sensibilité et sa raison, son pouvoir et son vouloir, ses ressentis et sentiments,
ses humeurs et sa façon d’être. Ainsi, via ses expressions, il est reconnu dans sa singularité. Ainsi il peut parvenir
à satisfaire ses besoins et à s’accomplir. Autrement dit, l’expression conditionne les voies du bien être personnel
et, par le biais de l’interaction et du dialogue, de la compréhension avec autrui. Elle s’exerce au moyen de postures
et d’attitudes élémentaires, voire primitives, et de système de signes plus élaborés et de langages conventionnels.
Quelques attitudes semblent indispensables pour bien s’exprimer, réagir et interagir : le courage et la bonté,
la bienveillance, le respect d’autrui, des écosystèmes naturels, des principes, cycles et rythmes du vivant,
et aussi la cohérence et l’authenticité, autrement dit : de dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit.
L’expression est un mouvement ternaire : du corps, de l’âme et de l’esprit. Elle est sensible et émotive,
spirituelle et psychique, physique, corporelle et comportementale, orale et écrite, réactive ou réflexive,
et aussi énergétique et vibratoire, en témoignent les manifestations d’enthousiasme ou de déception.
Au fil des expressions, des formulations et reformulations, des communications et autres interactions,
l’individu se confronte à autrui [un face-à-face qui n’implique pas nécessairement d’affrontement]
et il coopère avec autrui [un côte-à-côte qui implique une égalité de statut]. De débats en dialogues,
de distanciations en rapprochements, de conciliations en accordances, il tisse des liens d’affection
et d’appartenance, il prend sa place, s’intègre au sein du groupe social et participe à son évolution.
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Les deux piliers fondateurs de la coopération
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1/ La réciprocité et l’équité + 2/ L’empathie et la sympathie
favorisent l’apprentissage coopératif et la créativité collective,
la réalisation et la satisfaction d’une œuvre ou action commune
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Le principe* de réciprocité implique le droit à l’égalité et au respect mutuel.
La réciprocité est un mode de relation égalitaire et social, la capacité individuelle
à interagir et à maintenir des échanges sociaux mutuels. Quant au principe* d’équité,
il implique le juste traitement, c’est-à-dire d’accorder le respect absolu de ce qui est dû
à chacun. L’équité se manifeste par l’esprit de justice et la recherche de juste proportion.
Elle aspire à instaurer une égalité de droit, une égalité des chances [éthique] et une égalité
de traitement [morale], tout en tenant compte des inégalités de fait [A. Comte-Sponville, 2013].
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L’empathie est la capacité à se mettre à la place de l’autre, de manière à comprendre son mode
de fonctionnement, ses ressentis, émotions et pensées. Elle est la faculté sensible et intellectuelle
de transposition, de décentration, de consolation et de compassion. Elle repose sur une capacité
de représentation de l’état mental d’autrui, et cela indépendamment de tout jugement de valeur.
Ainsi l’empathe est « un observateur qui se projette dans les objets qu’il perçoit » [Th. Lipps, 1903].
« L’objet de l’empathie est la compréhension. L’objet de la sympathie est le bien-être d’autrui.
L’empathie est un mode de connaissance. La sympathie est un mode de rencontre
avec autrui » [L. Wispé, 1986]. Autrement dit, la sympathie est la « propension
à recevoir les inclinations et les sentiments des autres » [D. Hume, 1739].
Elle désigne le désir de vivre en communauté, avec affection et soin.
Finalement, selon les sociologues Ph. Chanial et A. Caillé [2008],
« La sympathie est ce qui permet d’échapper au règne exclusif
de l’intérêt pour soi, de coopérer et progresser ensemble ».
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* Les PRINCIPES sont généraux. Néanmoins, des REGLES particulières s’appliquent à chaque contexte,
à chaque individu, à chaque collectif. Dans la mise en pratique des principes, il convient alors de prendre
en compte tous les paramètres qui composent une situation. En d’autres termes, les principes [comme
toutes les théories, lois ou vérités] sont toujours à adapter au cas par cas, en fonction de l’histoire,
du contexte, du terrain, de l’environnement, des spécificités et des potentiels d’adaptation, etc.
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* PRÉVENANCE ET VIGILANCE / PRUDENCE ET TEMPÉRANCE : Veillons à ce que la réciprocité et l’équité
n’engendrent pas des mécanismes stéréotypés : œil pour œil, dent pour dent. Donnons, sans attendre
en retour et sans se laisser abuser. Veillons à ce que les actes d’empathie et de sympathie ne conduisent
pas à la négligence du bien-être personnel et ne génèrent pas une forme de bienveillance à sens unique.
Il convient plutôt de prendre globalement soin de soi comme de l’autre, de limiter les sacrifices pour
autrui, d’exprimer ses propres besoins dans la relation et les faire respecter, de considérer
autrui comme son égal en termes de statut, de potentiel et d’autonomie.
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Une nécessaire considération des caractéristiques
et dynamiques écosystémiques, naturelles et culturelles
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La SINGULARITÉ* et les distinctions qui font l’identité et l’altérité de chacun-e forment
une DIVERSITÉ, des spécificités naturelles et particularités culturelles qui se relient entre elles,
qui entrent en ASSOCIATION les unes avec les autres [connexions interspécifiques et liens multiples
entre divers éléments singuliers], puis agissent en COOPÉRATION [relations créatives, synergiques,
constructives], de manière à tendre vers une COHÉRENCE globale et un équilibre écosystémique
[conjonctions et conciliations, solidarités et cohésions, vers un vivre-ensemble plus harmonieux].
​* Voir le concept de « HOLON », issu des travaux d’Arthur Koestler et élément clé de la philosophie
de Ken Wilber. Toute chose [cellules, particules de matière, énergie, idées...] est un holon et partage
une double nature. Un holon est une entité à part entière et en même temps la partie d’un autre tout.
En ce sens, tout élément est d’une part singulier, et d’autre part, se lie à d’autre éléments et s’intègre
à un plus grand tout. Pour Koestler, le holon constitue la particule fondatrice de l’existence.
Par ailleurs, divers éléments singuliers peuvent se relier et générer de la COMPÉTITION :
soit une compétition-émulation, soit une compétition-exclusion. La compétition-émulation
est une confrontation constructive et un facteur d’éducation à la vie sociale. C’est l’occasion
de s’affirmer et de se dépasser. Cependant, la compétition peut devenir dangereuse, voire
destructrice, si elle se résume à la loi du plus fort. Si réussir ou gagner consiste à éliminer ou
anéantir l’autre, alors naîtront et grandiront des concurrences et des relations conflictuelles,
des agressivités et violences. Ici, la satisfaction de vivre simplement et de manière authentique
[être Soi, manifester son enthousiasme, sans jouer le rôle d’un autre, mais en « jouant sa vie »]
disparaît derrière la satisfaction d’avoir été le plus fort, ou derrière la colère d’avoir été mis en
échec. La compétition-exclusion mène à des émotions et conduites malsaines et destructrices,
chez les perdants [jalousie, chagrin et rancœur, sentiments d’impuissance ou d’exclusion…],
comme chez les gagnants [arrogance, prétention, sentiments de domination et d’avidité…].
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* Une CONFRONTATION consiste à en une mise en présence, en un face-à-face avec une personne
ou une chose [la réalité, une idée, un fait, un objet, etc.], pour mettre en balance, pour comparer
et mettre en évidence les rapports de ressemblance ou de différence, dans le but de fonder
une opinion ou d’accéder à un ensemble harmonieux, qui n’est ni un ensemble ordonné,
ni un ensemble chaotique, mais le produit d’un consensus. En ce sens, une
confrontation n’implique pas d’affrontement, d’antagonisme ou de conflit.
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Coopération et compétition font parties de la nature. Elles s’équilibrent dans la nature.
Pourtant, dans nos sociétés modernes, la compétition domine, créant des pollutions,
des exclusions et divers dysfonctionnements systémiques majeurs. Les atouts de
la coopération sont nombreux, voire illimités, car elle génère des synergies
et de la créativité, alors que la compétition peut tendre vers le chaos.
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L’éthique et les principes du jeu relationnel
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En chaque relation, il s’agit d’incarner trois attitudes coopératives :
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1/ ouvrir les perceptions, définir l’intention commune, puis entrer en relation
2/ adopter des postures d’attention et initier des dynamiques de dialogue
3/ s’engager et contribuer au fil d’un processus d’intelligence collective
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1 / L’ouverture à l’autre et l’entrée en relation
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COMMUNIQUER signifie transmettre, faire connaître des informations,
par besoin et par intérêt, dans un rapport utilitaire et à des fins pratiques.
En premier lieu, l’acte de communiquer implique une rencontre sensible,
une expérience partagée et un échange d’énergies. Ces énergies peuvent
soit coopérer soit compétitionner. Elles peuvent soit fusionner soit s’opposer,
soit générer des blocages et stagnations, soit des avancements et dépassements.
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ENTRER EN RELATION suppose d’avoir la volonté de dialoguer et non celle de débattre.
L’entrée en relation peut prendre la forme d’une confrontation, ce qui diffère du débat, car
la première met en rapport et construit, alors que le second divise, génère du conflit et détruit.
C’est tout d’abord se rejoindre ici et maintenant, s’attirer l’un l’autre et prêter attention l’un à l’autre,
C’est se rencontrer dans un but commun, avec une motivation partagée, à la fois sensible et raisonnée.
C’est voir ensemble, s’aventurer et décider d’agir en coopération, avec bienveillance et pratique du jeu.
C’est être prêt à s’ouvrir à autrui, à s’engager et à assumer sa responsabilité vis-à-vis de celle d’autrui.
C’est se préparer à observer et à écouter l’autre, à découvrir et à apprendre, à partager et à interagir.
Autrement dit, c’est oser, éprouver et expérimenter avec l’autre. C’est créer et construire ensemble.
En somme, c’est agir et évoluer collectivement. En pratique, en toute circonstance, c’est se donner
l’occasion et les moyens de coopérer au présent, à partir d’une vision partagée du futur souhaité.
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2 / Le jeu relationnel : conditions au vivre ensemble et à la vie en dialogue
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LES CONDITIONS DU DIALOGUE : états d’esprit, états d’âme, dispositions des sentiments,
attitudes intérieures et humeurs [exemples : confiance, sérénité, bienveillance, zen, etc.]
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• Vouloir parvenir à une entente acceptable et soutenable pour toutes les parties en présence.
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• Remettre en question les certitudes : la vérité de l’autre a autant de légitimité que la nôtre.
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• Postures et conduites à personnifier : il convient d’incarner des attitudes centrées sur ...
- l’accueil et l’ouverture : la qualité de perception sensible, l’écoute active et intégrative.
- le respect mutuel et le non-jugement : une égalité de statuts et un espace de liberté.
- le sens de l’équité et de la juste répartition, interculturelle et intergénérationnelle.
- l’échange participatif : la participation libre et volontaire de tous les participants.
- la confiance [croire en soi, en autrui] et l’authenticité [faire ce que l’on pense].
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Note: si on juge que ce n’est pas le « bon » moment pour établir le dialogue,
cela signifie probablement que l’on ne s’est pas rendu au « bon » endroit,
ou que les « bonnes » énergies et intentions ne sont pas encore réunies.
Patience et persévérance concourent à la réalisation des espérances.
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LE JEU DU DIALOGUE : une dynamique d’action libre et partagée,
orientée vers un but commun et vouée à tendre vers un équilibre
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• Accueillir et accepter la participation de l’autre au dialogue comme
nous souhaitons que la nôtre soit accueillie [principe de réciprocité].
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• Observer et écouter l’autre attentivement : faire face à sa réalité,
reconnaître et accepter toutes ses différences et ses singularités.
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• Prendre conscience de la sensibilité de l’autre, de sa position et
de son angle de vision, de ses besoins, motivations et aspirations.
​
• Communiquer : s’exprimer de façon bienveillante et constructive,
claire et concise, avec pertinence et avec cohérence, en adaptant
ses langages au contexte et aux interlocuteurs, en usant de divers
moyens pour retenir l’attention et pour bien se faire comprendre.
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• S’affirmer et se situer au sein du groupe social : prendre position,
participer à la vie de groupe et se définir à travers ses expressions.
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• Encourager l’autre à s’exprimer : lui poser des questions ouvertes,
avisées, créatives et constructives, parfois précises et orientées.
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• Nommer, confronter, renforcer, supporter, questionner le sens
qui émerge de l’action tout au long du processus de dialogue.
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• Faire l’effort de concilier et d’intégrer les spécificités de l’autre
[vision, savoir....] avec les siennes, de manière complémentaire.
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• Créer des associations/ententes et s’engager vis-à-vis d’autrui
sur des enjeux communs [principe de responsabilité sociale].
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3 / Le processus d’intelligence collective
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Entrer en relation, dialoguer de façon constructive et harmonieuse,
cela implique de s’engager dans un processus d’intelligence collective :
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1- CO-INITIER : co-imaginer, s’accorder sur une vision et une intention communes.
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2- CO-SENTIR : co-percevoir, ouvrir les perceptions [l’instinct, l’intuition, les sensibilités],
et les esprits [la conscience, la pensée, la raison], puis les volontés d’agir collectivement.
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3- LÂCHER-PRISE ET SE CONNECTER : relâcher l’emprise du mental, se relier au présent,
laisser émerger la nouveauté, et par la suite, créer du sens à partir de ce qui se manifeste.
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4- CO-CRÉER : façonner et circonscrire l’idée nouvelle, l’expérimenter et la conceptualiser.
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5- CO-ÉVOLUER : mêler et intégrer le nouveau à l’existant, fusionner et équilibrer le tout :
dépassement de soi, adaptation ou transformation, autonomie d’évolution et résilience.
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> ECO-PROCESS : outil de leadership participatif et méthode d’innovation sociale.
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SOURCES D’INSPIRATION ET REFERENCES :
Martin Buber. 1923. La vie en dialogue : Je et Tu.
Edgar Morin. 1982. Science avec conscience.
Ken Wilber. 1996. Une brève histoire de tout.
David Bohm. 1996. On dialogue [Dialogue bohmien].
Otto Scharmer. 2004. Presence. 2016. Theory U.
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